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Auteurs : Julia A. et Melody C.
Elèves SYA promotion 2022

Les organismes marins dépendent du son pour leur survie. Le son est utilisé par les animaux aquatiques pour trouver leurs proies, pour naviguer dans les eaux, pour trouver leurs compagnons et leurs petits, pour éviter les prédateurs, ainsi que pour communiquer au sein de leur espèce. Cependant, à mesure que notre population et notre consommation augmentent, de plus en plus d’activités humaines ont un impact sur la vie marine, notamment par la pollution sonore que nous produisons. 

Le transport maritime, la navigation de plaisance et l’exploration énergétique ont augmenté, ce qui a pour effet d’accroître les niveaux de bruit dans les océans. Ces niveaux sonores plus élevés empêchent les organismes marins d’utiliser les signaux sonores environnementaux dont ils dépendent. Les mammifères marins sont confrontés aux effets de la pollution sonore par le biais de perturbations acoustiques et même de la mortalité causée par les sonars.

Comme la lumière du Soleil est rapidement absorbée et dispersée dans l’eau, les animaux marins dépendent souvent du son pour naviguer dans le paysage aquatique. Le son se propage cinq fois plus vite sous l’eau que dans l’air, en raison de l’espacement plus étroit entre les molécules d’eau. Une onde sonore se propage parfois sur des centaines voire des milliers de kilomètres. Car la vision n’est utile que pour des dizaines de mètres sous l’eau, et comme la lumière est incapable de pénétrer au-delà de certaines profondeurs, cela fait du son la source d’informations sensorielles principale pour les animaux aquatiques. 

Les changements de rythme, de hauteur, et de structure des sons communiquent différents messages. En particulier, les poissons et les mammifères marins utilisent le son pour les communications associées à la reproduction et à la territorialité. Certaines espèces marines utilisent également le son pour maintenir la structure du groupe, et certains, comme les baleines et les dauphins, par exemple, peuvent utiliser l’écholocation: en émettant des clics ou de courtes impulsions sonores, ils peuvent écouter les échos et détecter des objets sous l’eau. 

Les ondes sonores sont réfléchies lorsqu’elles frappent une cible, et certaines baleines et dauphins utilisent l’écholocation pour localiser la nourriture, les prédateur…

Les sons ou bruits indésirables peuvent avoir un impact important sur le milieu marin, car le bruit peut couvrir une très grande surface, empêchant potentiellement les poissons ou les baleines d’entendre leurs proies ou leurs prédateurs, trouver leur chemin, ou se connecter avec des compagnons, des membres du groupe ou leurs petits. 

Le Low Frequency Active Sonar de la Marine américaine, utilisé pour détecter le pétrole sous-marins, envoie un signal sur une superficie d’environ 3,9 millions de kilomètres carrés. Des sources importantes de bruit océanique proviennent également de la pêche à la dynamite, du forage en mer et des grands cargos. Ces sons peuvent atteindre jusqu’à 210 décibels. A titre de comparaison, le son le plus fort produit par un animal marin, la baleine bleue, est de 180 décibels. 

Les baleines et les dauphins sont largement tributaires du son pour leurs fonctions vitales. La pollution sonore a un impact négatif sur eux de multiples façons. Les ondes sonores des sonars peuvent déplacer les baleines et les dauphins de leurs différents habitats et perturber leurs processus de survie : l’alimentation, la reproduction, l’allaitement, la communication, la navigation et d’autres activités essentielles à leur survie ont été affectées par la pollution sonore.

Des études ont montré que la pollution par les sonars blesse directement les baleines.

Elle provoque des pertes auditives, des hémorragies et d’autres types de traumatismes tissulaires, et peut même entraîner la mort. Les baleines et les dauphins se retrouvent également sur le rivage de l’océan parce qu’ils tentent d’échapper aux sons. Ils paniquent et remontent trop vite à la surface de l’eau. Cela provoque la formation de bulles d’azote dans le sang (accident de décompression), ce qui peut entraîner la mort. Leurs corps sont alors déposés sur le rivage. 

Les études sismiques sont l’un des principaux facteurs de pollution sonore dans l’océan, car elles en constituent l’une des formes les plus graves. Les bateaux utilisent des canons à air pour mesurer les échos du plancher océanique à intervalle de 10 secondes afin d’aider à cartographier les zones de pétrole et de gaz naturel en mer. Ce processus perturbe, blesse et tue les mammifères marins et d’autres espèces. 

Ces études sismiques créent les bruits les plus forts détectables dans l’océan. Elles ont donc naturellement un effet énorme sur les mammifères qui les entourent. Par exemple, dans le golfe de Californie, la National Science Foundation a utilisé son navire de recherche pour faire exploser son canon à air à des fins de détection terrestre. Peu de temps après, deux baleines à bec ont été retrouvées mortes, échouées sur le rivage. 

Une étude du Centre des sciences environnementales de l’université du Maryland a révélé qu’en raison du bruit de l’océan, les dauphins modifient leur mode de communication. Quand des biologistes marins ont installé des microphones sous-marins en 2016 dans l’océan Atlantique, ils ont découvert que les dauphins adaptaient leurs sons pour être entendus par-dessus la pollution sonore des bateaux. Plus précisément, ils ont trouvé que par rapport au niveau sonore habituel des dauphins, ils émettent désormais des sifflements à des fréquences plus élevées et moins complexes pendant les périodes de forte pollution sonore. Habituellement, les dauphins ont des langages très complexes, mais aujourd’hui, en raison de leur environnement très bruyant, ils émettent des sons beaucoup plus simples. Cette simplification des sons signifie que moins d’informations sont transmises aux autres dauphins, ce qui rend plus difficile l’accomplissement de leurs tâches quotidiennes de survie. 

Cependant, contrairement aux produits chimiques nocifs et aux microplastiques, le bruit ne persiste pas dans le milieu marin. De nombreux écologistes pensent que pour réduire l’impact de l’homme sur les écosystèmes océaniques, le bruit marin est un bon point de départ. Avec des innovations comme les navires éoliens, les hélices anti-bruits, les éoliennes flottantes, et les « rideaux à bulles » qui atténuent le bruit de la construction, les solutions sont déjà disponibles et, dans certains cas, rentables. Ce qu’il faut, disent les écologistes, c’est une meilleure réglementation.

Sources bibliographiques
  • https://awionline.org/sites/default/files/uploads/documents/Weilgart_Biodiversity_2008-1238105851-10133.pdf
  • https://www.smithsonianmag.com/smart-news/noise-pollution-impacts-wide-range-species-study-finds-180973635/
  • https://www.nytimes.com/2019/01/22/science/oceans-whales-noise-offshore-drilling.html
  • https://time.com/5936110/underwater-noise-pollution-report/
  • https://www.biologicaldiversity.org/campaigns/ocean_noise/
  • https://www.biologicaldiversity.org/campaigns/seismic_blasting/index.html
  • https://www.globalcitizen.org/en/content/dolphins-noise-pollution-speaking/
  • https://sinay.ai/en/effects-of-underwater-noise-pollution/
  • https://www.oceancare.org/en/our-work/ocean-conservation/underwater-noise/underwater-noise-consequences/ (vidéo)