Edito
En l’espace d’un siècle, les sons produits par les activités humaines, en particulier le bruit des transports terrestres et maritimes, ont proliféré dans le paysage. Songez au vrombissement des moteurs, au grondement sourd et persistant de l’autoroute non loin…. Cette pollution sonore a des effets néfastes tant sur notre bien-être que sur l’équilibre des écosystèmes. En effet, le son est le premier moyen de communication animale mais la pollution sonore anthropique tend à perturber ces échanges (effet de masquage) introduisant du stress voire une modification du comportement chez les individus touchés… Aujourd’hui, les effets sanitaires et écologiques de la pollution sonore sont bien documentés. Des réglementations et solutions techniques ont été introduites, comme la construction de murs anti-bruit le long des routes… Néanmoins, la croissance des zones urbaines et l’intensification des échanges commerciaux ont aggravé les effets écologiques de la pollution sonore.
Qu’est-ce que la pollution sonore ?
La pollution sonore fait référence à une gêne auditive qui empêche de se sentir au calme. Les sources de pollution sonore peuvent être naturelles (bruits d’animaux, phénomènes météorologiques, volcaniques ou sismiques, conversations humaines…) ou liées aux activités de nos sociétés (transports, chantiers, alarmes, téléphones, musique…).
La gêne auditive est un fléau auquel nous sommes confrontés au quotidien. Si le son n’est perceptible qu’à partir de 0 dB, il devient dérangeant à compter de 75 dB.
Au-delà du seuil des 85 dB, le son devient dangereux pour l’homme. Néanmoins, la douleur auditive ne devient perceptible qu’à partir de 120 dB. Entre 85 et 120 dB se situe donc une zone grise, où les risques demeurent imperceptibles.
On appelle nuisance sonore un son qui crée des dégâts de par son caractère répétitif ou son niveau trop élevé. Les bruits entrent dans cette catégorie lorsque leur niveau sonore dépasse 80 dB.
Les nuisances sonores peuvent gravement impacter la santé des populations, se traduisant d’abord par des troubles auditifs (diminution des capacités d’écoute, forte fatigue, douleur, acouphènes, sifflements, surdité partielle voire complète…), psychiques (augmentation du niveau de stress, diminution des performances cognitives, mal-être, dépression) et à terme, économiques (hausse des arrêts maladies).
Les endroits les plus exposés à un niveau sonore élevé sont les alentours des aéroports, les réseaux routiers, les lieux publics très fréquentés mais aussi certains lieux de travail (ateliers bruyants, chantiers…).
En France, d’après le site bruit.fr, 7 millions de personnes vivent dans une zone exposée à un niveau de bruit supérieur à 65 dB et 3 millions de personnes seraient exposées à un niveau sonore supérieur à 85 dB sur leur lieu de travail. De fait, la surdité constitue la 4e maladie professionnelle.
Extrait de l’article “La pollution sonore: un problème d’envergure tant pour la santé humaine que pour l’environnement”, publié le 30 mars 2020 sur https://www.eea.europa.eu/fr
“Les nuisances sonores ont un coût social. Ce coût a été évalué en 2016 à 57 milliards d’euros par an par le CNB dans une étude du Conseil national du bruit (CNB) publiée le 14 juin 2016, et à 16,2 milliards par an rien que pour l’Île-de-France, sur la base d’une déclinaison francilienne de l’étude par Bruitparif (soit 28 % du coût pour toute la France bien que cette région ne représente que 19 % de la population française). Les transports sont le premier responsable (6,9 milliards en région parisienne et 20,6 dans le pays), avec neuf millions de franciliens significativement exposés (dont 3,4 fortement). Le CNB précise que ce coût est sous-estimé car les données disponibles n’ont pas permis de quantifier le coût des effets cumulés ni de certaines nuisances (notamment subies lors des loisirs).”
Pour aller + loin : https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/environnement-sante-cout-social-comment-la-pollution-sonore-nous-gache-lavie_2184041.html
Lutter contre les nuisances sonores
Les nuisances sonores sont produites par les activités humaines. Bruit des transports, des chantiers… c’est donc là qu’il faut agir en premier. Il existe différents moyens de se protéger et de réduire les nuisances, notamment :
- des dispositifs juridiques imposant un niveau sonore à ne pas dépasser dans les lieux publics ou sur le lieu de travail, interdisant les excès de bruit dans le voisinage et le tapage nocturne
- des solutions techniques comme la prise en compte de la composante acoustique dans l’aménagement des villes et la conception des transports (utilisation de matériaux isolants phoniques, fabrication de moteurs moins bruyants…) ou le port d’équipements de protection sur le lieu de travail
- des solutions préventives comme se tenir éloigner des zones bruyantes, réduire le volume de son baladeur ou de son téléphone…
Activité
Dans cette activité, nous allons apprendre à évaluer le niveau sonore.
Notions de base
- L’intensité sonore se mesure avec un sonomètre et s’exprime en décibel (dB).
- Le décibel est une unité de mesure de la pression acoustique exercée par une onde sonore et rapportée à une pression de référence. La valeur communément utilisée par les acousticiens est 20 µPa. Elle correspond à peu près au minimum audible pour une personne d’audition normale. L’unité correspondante est le dB SPL (Sound Pressure Level).
- Deux sons donnent la même valeur en dB SPL s’ils correspondent à la même pression acoustique, qu’ils soient graves ou aigus.
- L’oreille humaine n’est pas sensible de la même manière aux sons de hauteur différente et pour une même pression acoustique, les sons aigus sont perçus comme étant plus sonores que les sons graves. Une pondération a été introduite dans le calcul du niveau sonore afin de rendre compte de cette différence de perception, qui peut être importante pour concevoir des systèmes isolants du son : il s’agit la pondération A de la norme internationale CEI 61672-1 qui a donné lieu à une nouvelle métrique : le dB SPL A, aujourd’hui très répandu.
Vous pouvez évaluer le niveau sonore de votre environnement votre téléphone portable. Il existe en effet un grand nombre d’applications gratuites fournissant des mesures de niveau correct. Nous avons testé Fizziq, une application gratuite dédiée à la mesure physique. Ci-dessous la procédure pour réaliser une estimation du niveau sonore.
- Téléchargez l’application sur votre téléphone
- Cliquez sur l’onglet “Mesures” et appuyez sur “+”
- Choisissez “Microphone” puis “Niveau de bruit”. La valeur de l’intensité sonore moyenne captée par le microphone apparaît à l’écran.
Vous pouvez désormais mesurer le niveau sonore comme les acousticiens. Amusez-vous à comparer des mesures réalisées en différents lieux (parcs, salle de classe, restaurant, rue passante… ). Reporterez vos mesures et votre sensation auditive (confortable / inconfortable) dans un tableau comme ci-dessous.
Pour aller + loin : cherchez la carte de bruit de votre ville. Les données collectées en plein air sont-elles cohérentes avec cette carte ? Où sont situées les zones les plus calmes / bruyantes ?